LA MER
1. INT. AUTOMOBILE - AUBE
Un jeune homme (dans le milieu de la vingtaine) est assis à la place du conducteur dans une automobile qui n’avance pas. Seul dans sa solitude, il a les deux mains rivées sur le volant. Il fixe le pare-brise de son véhicule de ses yeux trop plein de larmes et son visage crispé et grimaçant est empli de douleur. Il baisse finalement la tête en fermant les yeux et laisse échappé un sanglot. Deux larmes glissent sur chacune de ses joues pour aller terminer leur course sur ses jeans bleu, formant ainsi un petit rond humide sur chacun de ses genoux.
2. EXT. LE BORD D’UNE ROUTE - AUBE
L’homme sort de son automobile et prend une bonne respiration pour se ressaisir. Son visage prend alors un air plus détendu. Pendant qu’il referme la porte de son automobile de sa main droite, sa main gauche quant à elle enlève l’eau salée qu’ont causée ses pleurs sur son visage. Il reste debout un instant, regardant le paysage qui s’offre à lui. La mer douce et calme, la plage paisible où viennent s’échouer continuellement quelques petites vagues ainsi que le ciel tout dégagé dans ses teintes de rose orangé où le disque solaire est à moitié levé. L’homme a une monté de rage, son visage vire au rouge et se met a courir en direction de la mer en criant sa frustration de sa voix grave.
3. EXT. LE BORD D’UNE PLAGE – AUBE
Ses souliers arrivent à la course sur le sable. L’homme se penche rapidement pour prendre un gros caillou qui se trouvait sur le sable et continu sa course. Il entre ensuite dans l’eau et prend un élan pour finalement lancer le caillou au bout de ses bras…
LE JEUNE HOMME (pleurant et criant d’une voix rageuse)
- Pourquoi hein!? Pourquoi t’es partie? J’t’aimais Amélie! Qu’est-ce que tu veux que je fasse maintenant que t’es plus là? Pourquoi y’a fallu que t’aille te baigner cette journée là… T’étais tout pour moi… TOUT!
Puis l’homme sort de l’eau en regardant au sol. Tout son corps est comme de la guenille. Il est totalement désemparé. Il se laisse tomber à genoux dans le sable, en sanglot. Il tient sa tête de ses mains et celle-ci rase le sable de la plage. Il tire ses beaux cheveux noirs, comme s’il voulait se les arracher et il pleure à chaudes larmes
4. L’HOMME SE SOUVIENT - INT. CHAMBRE – MATIN (UNE SEMAINE AUPARAVANT)
L’homme est couché dans un grand lit de drap blanc, à ses côtés se trouve sa compagne. Elle a la peau pâle, les cheveux noirs, les lèvres roses et pulpeuses et un visage aux traits doux. Ils sont tous les deux sous les couvertures, mais la jeune femme s’apprête à se lever. Son fiancé les yeux à moitié clos se racle la gorge.
LE JEUNE HOMME (d’une voix lente et endormie)
- Où tu t’en vas ?
AMÉLIE
- J’vais à la plage, c’est samedi aujourd’hui…Et il fait super beau dehors
La jeune femme s’assoit sur le bord du lit et regarde la beau temps qu’il fait à l’extérieur à travers la fenêtre, elle est nue. L’homme se retourne vers elle et lui caresse une cuisse et son petit ventre rond. De toute évidence la femme est enceinte de quelques mois et elle sourit de cette petite marque d’affection que lui porte son conjoint.
LE JEUNE HOMME
- Hummm… Reste avec moi aujourd’hui
Il remonte sa main dessous le sein de sa fiancée, celle-ci la lui prend et la caresse doucement.
AMÉLIE
-Mais je dois faire un peu d’exercice chéri… Et puis le médecin a dit que c’était bon pour le bébé que j’aille nager un peu.
Elle se lève, et souffle un baiser en direction de son futur époux. Elle ouvre la garde robe prend son maillot de bain ainsi que des vêtements qu’elle commence à enfiler. L’homme la regarde et se retourne sur le dos.
LE JEUNE HOMME (d’une voix coquine)
- Si tu restes on pourrait faire l’amour, ça aussi je suis certain que ça te ferais faire de l’exercice…
Il relève un sourcil et a un sourire au coin des lèvres. La jeune femme se retourne vers lui à moitié nue, la bouche ouverte, elle fait semblant d’être outrée, mais au fond elle est amusée. Puis elle relève à son tour un sourcil…
AMÉLIE
- C’est une offre intéressante, mais j’vais aller me faire bercer doucement par les vagues parce que ma sœur va m’attendre, elle, à la plage… Pis j’préfère te laisser te reposer de la nuit dernière…
Elle lui fait une grimace. Ah ce qu’il aimait qu’elle soit taquine avec lui et sa réplique le fait rire un peu.
LE JEUNE HOMME (d’une petite voix qui se veut implorante et un peu drôle)
- Mais laisse la faire ta sœur… pis j’suis pas fatigué, j’suis en pleine forme regarde (il lui montre ses bras forts et bâille au même moment). S’il te plaît, j’veux pas que tu partes mon amour.
Elle rigole en finissant de s’habiller et prend son chapeau de paille sur la commode en bois.
AMÉLIE
- Désolée chéri ! J’y vais maintenant, Sophie va s’impatienter… À tantôt ! Je t’aime!
LE JEUNE HOMME
-Je t’aime aussi mon amour!
La femme aux cheveux noirs referme la porte de la chambre, l’homme demeure couché.
5. EXT. LA PLAGE – AUBE (retour au temps présent)
L’homme est toujours à genoux dans le sable. On entend le bruit des vagues, calme à l’oreille et les plaintes et soupirs que l’homme pousse dans sa douleur. Il serre les dents.
LE JEUNE HOMME (de sa voix toujours rageuse)
-J’aurais dû plus insister pour que tu restes Amé… J’t’aurais voulu avec moi ce matin là… Pourquoi t’étais si entêtée à vouloir y aller… POURQUOI?!
On voit des images qui défilent, des images qui sont les souvenirs de l’homme qui se rappelle la suite des évènements…
6. (dans les souvenirs) INT. CHAMBRE – JOUR (peu avant midi)
Le téléphone retentit. L’homme se réveille étire son bras et prends le téléphone sans file qui se trouve sur la table de nuit. Il n’a pas le temps de dire un mot qu’une voix nerveuse crie dans le combiner
SOPHIE, la sœur d’Amélie
-Philippe, Amélie s’est noyé! Elle s’est noyée! (Sophie sanglote bruyamment) Viens vite, Philippe! Y’a des ambulanciers et des sauveteurs ici… Amélie s’est noyé Philippe! Est inconsciente ! PHILLIPPE ARRIVE!
On voit l’homme se lever, enfiler sa robe de chambre rayée bleu et vert (il était nu) et courir pour sortir de sa chambre sans prendre la peine de raccrocher le téléphone.
7. (dans les souvenirs encore) EXT. PLAGE – JOUR
L’homme arrive en courant, peu de temps s’est écoulé depuis l’appel qui à reçu… Il aperçoit au loin le corps de la plus belle des femmes étendu sur une civière, le corps de son Amélie, inerte. Un attroupement de monde regarde la scène en restant tout de même à une certaine distance. Le visage de l’homme est choqué… Il s’avance doucement vers la civière qui s’apprête à monter a bord de l’ambulance. Sophie est là aussi. Un ambulancier se retourne vers l’homme tandis que deux autres montent la civière dans l’ambulance…
LE JEUNE HOMME
-C…c’est… c’est ma fiancée
L’ambulancier lui fait signe de monter à bord.
8. (dans les souvenirs toujours) INT. COULOIR DE L’HÔPITAL – JOUR
L’homme attend depuis quelques minutes, nerveux dans le corridor. Il regarde à travers une vitre où de l’autre côté des médecins et infirmières s’acharne à réanimer sa belle Amélie. L’homme ronge ses ongles. Sur une chaise près de lui, Sophie pleure toutes les larmes de son corps. Puis il semble que les médecins arrêtent les manœuvres de réanimation. L’homme se trouble davantage et respire difficilement. Un jeune médecin en chemise blanche sort et viens à sa rencontre.
LE MÉDECIN (d’un ton navré)
- Je, je suis désolé…Elle n’a… On n’a… On n’a pas réussi à la sauver.
Philippe ne lui répond même pas. Il se retourne, il serre les dents et les poings, il a déjà les yeux pleins d’eau… Sophie pleurant comme une Madeleine se lève et se présente à lui. Il la contourne, pour se diriger vers le bout du couloir. Rendu là il donne un coup de pied à une machine distributrice et on le voit disparaître vers le couloir de gauche.
9. ETX. PLAGE – AUBE (retour au temps présent)
L’homme toujours par terre, mais plus calme murmure quelques paroles.
LE JEUNE HOMME
-Amélie, si tu peux m’entendre… Si tu peux m’entendre, sache que j’t’aimerai toujours…
L’homme se lève finalement… Les dents serrées, les yeux rouges et gonflés d’avoir trop pleuré il regarde plusieurs mètres devant lui. Il aperçoit quelque chose. Il avance donc, désireux de savoir ce que c’est pendant que quelques larmes finissent de ruisseler le long de son visage.
Il arrive devant l’objet qu’il voyait. En fait se sont deux objets : Le chapeau de paille et le chandail d’Amélie. Il les porte à son nez et tente d’en extraire l’odeur de sa fiancée, mais c’est peine perdue. Il ferme les yeux un instant mais les rouvre lorsqu’il entend des rires d’enfants. Il tourne subitement la tête et voit des enfants accourir en riant vers l’eau, suivis de leur mère qui leur cri quelques avertissements. Philippe sourit et commence à marcher en direction de son automobile. «Amélie», murmure-t-il doucement, «Amélie…».